Au sein de l’association Capso, Lydie Chaudet crée dans l’Ain un service de prévention de la récidive destiné aux auteurs de violences conjugales. Pour n’être pas consensuelle, sa solution recherche l’efficacité. Afin de bien développer ce projet, Lydie a suivi le parcours Act’ice en 2023.
Pourquoi accompagner les auteurs de violences conjugales ?
Ce n’est pas toujours bien vu, mais l’objectif est de ne plus faire de victimes. Malgré le « Grenelle des violences conjugales », on déplore toujours plus de violences et féminicides.
Or, si on ne travaille qu’avec les victimes, on n’endigue pas la violence : les auteurs pourront toujours récidiver. Aujourd’hui, ils sont peu pris en charge. On fait le pari que les situations précaires augmentent le risque de violence : addiction, argent, logement… Il est essentiel d’assainir leur situation pour limiter la récidive. Et pour cela, il faut prendre les situations en entier, ne pas morceler la prise en charge.
Comment intervenez-vous ?
Nous intervenons à tous niveaux ! Nous nous sommes focalisés sur les personnes qui ont été condamnées pour faits de violence conjugale.
Nous sommes sollicités par les conseillers pénitentiaires, qui évaluent le besoin auprès d’une personne qui a été condamnée pour ces faits-là, et qui affichent un risque de récidive potentiel. Nous les rencontrons avec leur conseiller et organisons ensemble les priorités à traiter pour assainir leur situation.
En effet, le fait de n’avoir plus de logement, plus de revenus, pas de soutien, et parfois pas de quoi manger ne leur permet pas de se centrer sur leur fonctionnement violent, et de réfléchir. Enfin le soin psychologique devient alors pertinent et efficace.
Pour effectuer ce travail, nous sommes deux travailleuses sociales et une psychologue.
Nous avons également ouvert un dispositif de placement extérieur qui est aussi utilisé pour tout type d’infraction.
Pourquoi avoir choisi de suivre le parcours Act’ice ?
Nous avions besoin de rencontrer d’autres professionnels et d’être un peu guidées. Quand j’ai vu l’appel à projets Act’ice, ça m’a parlé. Au sein de l’association CAPSO, nous sommes les seules à agir dans le monde judiciaire. Il nous fallait un soutien sur cet aspect avec des professionnels : connaître les termes, les procédures judiciaires quand on accueille quelqu’un, rencontrer des collègues qui proposent ce type de service ailleurs en France et d’avoir leur expertise…
Quels ont été pour vous les principaux apports du parcours ?
Tout est imbriqué : le mentorat, les soutiens du monde de la justice m’ont permis de consolider et de peaufiner mon travail, de me projeter à plus long terme. La compréhension de la notion de modèle économique est importante. On démarre de zéro ! Je suis travailleur social : aller chercher de l’argent n’est pas dans ma culture.
Que conseillez-vous à un porteur de projet justice qui hésiterait à suivre le parcours Act’ice ?
J’ai été marquée par l’accessibilité des intervenants, des mentors, des coordinatrices d’Actice. Cela permet échange et fluidité.
C’est du temps qu’il faut libérer car derrière, c’est aussi du temps qu’on gagne sur la compréhension et le montage de son propre projet. Il faut le faire !