La Chèvre et le chou : changer de méthode pour redonner vie à un centre-bourg

En Ardèche, une épicerie locale se transforme pour investir un ancien hôtel qui deviendra un lieu de convivialité avec bar, restaurant, librairie, logements… Nous l’avons accompagnée dans son changement d’échelle, au bénéfice de son territoire.

Ceux qui ont visité l’Ardèche ne serait-ce qu’une fois savent que pour s’y déplacer, il faut avoir de la patience et le cœur bien accroché. Niché dans la vallée de l’Eyrieux, Saint-Sauveur-de-Montagut est un petit bourg touristique et commerçant où convergent les villages isolés de la montagne alentour.

Saint-Sauveur-de-Montagut est situé dans la vallée de l'Eyrieux en Ardèche.

C’est ici qu’il y a onze ans est né un commerce alimentaire innovant, La Chèvre et le Chou. « Au départ, nous avions créé un magasin collectif de producteurs, raconte Alcine Voron. Cinq ans plus tard, les épiciers ont toqué à la porte : au lieu de s’installer en face et de se faire concurrence, on s’est dit faisons-le ensemble ! Depuis, on est fiers de dire que ça marche, avec une belle gouvernance partagée : 3 épiciers et 20 producteurs ; un homme, une voix. »

Aujourd’hui, ce sont autant de familles qui vivent de ce projet pour offrir au territoire un commerce avec une alimentation saine, biologique, locale.

Un projet ambitieux

Forts de ce succès, des envies naissent : « Ici, comme ça rassemble les villages autour, les clients peuvent passer deux heures à discuter ici, mais ils n’ont pas une chaise pour boire un coup ! »

C’est pourquoi le collectif a décidé de changer d’échelle en se lançant dans un projet ambitieux : racheter l’ancien Café de la Poste, un grand bâtiment de plus de 500 m2 situé de l’autre côté de la route, pour en faire un ensemble ouvert et attractif, associant bar associatif, restaurant de producteurs, librairie, résidence d’artistes, logements sociaux… « Redynamiser ce centre-bourg, avec ce bâtiment au cœur du village fermé depuis des années, c’est ça qui est au cœur du changement d’échelle et de notre envie de porter ce projet », confie Alcine.

Alcine Voron
Alcine Voron, La Chèvre et le Chou.

Paysans ardéchois

Mais changer d’échelle, c’est parfois changer de méthode de travail. Mener un projet à 800 000 €, ça ne s’improvise pas. « On a une culture de paysans ardéchois, on est habitués à faire par nous-mêmes, avec nos tripes et sans réseau. Mais avec ce gros projet, on ne peut plus faire tout seuls, il va falloir qu’on trouve des partenaires. L’enjeu : comment poser sur le papier tout ce qu’on fait aujourd’hui afin de pouvoir grandir. »

C’est pourquoi le collectif a choisi de suivre notre accompagnement Changer d’échelle en ruralité.

« Nous qui sommes dans un territoire rural, éloigné des villes et loin des réseaux, on se rend aujourd’hui compte qu'on fait partie d'une économie sociale et solidaire et qu'on n'est pas tout seuls. Cela m’a permis :

1/ de prendre du recul sur le projet actuel grâce à l'effet de groupe, les regards croisés, les discussions…
2/ de voir les points forts et les points faibles, se projeter sur demain, savoir qu'est-ce qu'on veut, où on va.
3/ d’avoir une boîte à outils et un carnet d'adresses bien remplis.

A la fin des séminaires, le projet du bar de la poste prenait un coup d'accélérateur ! »

Plan de financement, budget de fonctionnement, posture… le projet prend donc une nouvelle dimension et s’ouvre à des partenariats décisifs : mairie, interco, Région, organismes de logement social, fondation… Avec des fonds propres et un financement participatif en complément, le tour de table se précise, et le rêve se rapproche de la réalité.

Tanguy Gélin
Tanguy Gélin