Innovation sociale et design s’allient pour booster cinq entreprises sociales stéphanoises

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Porté par la demande de légumes bio et locaux autant que par le besoin d’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi, Norbert Badel va multiplier par trois la surface des serres du Jardin de Valériane et investir pour amener les légumes du champ au consommateur.

Depuis le printemps dernier, avec la métropole de Saint-Etienne, Ronalpia expérimente le Booster de l’innovation sociale. En 2021, cinq entreprises sociales en changement d’échelle ont été accompagnées avec une approche stratégique personnalisée, une mise en réseau ainsi qu’un savoir-faire local : l’analyse des usages par des designers.

A force de grandir, une entreprise sociale arrive parfois à une étape qui l’amène à prendre une nouvelle dimension. Ouvrir une antenne ailleurs, développer une nouvelle activité, répondre à un nouveau besoin, saisir une opportunité importante… C’est ce qu’on appelle le changement d’échelle.

Mais pour passer ainsi dans la cour des grands, il y a souvent d’importants ajustements à prévoir : comment ne pas perdre de vue ses propres valeurs ? Comment améliorer toujours son impact ? Comment recruter ? Comment redéfinir sa stratégie financière… ?

A Saint-Etienne, cinq entreprises sociales ont constitué la première promotion d’un programme de trois mois, expérimenté par Ronalpia avec son partenaire historique Saint-Etienne Métropole. Au menu : stratégie de croissance, mesure d’impact social, accompagnement individuel pour définir le modèle économique…

Tout savoir sur le programme Booster d’innovation sociale…

Booster Saint-Etienne design entreprise sociale

Se centrer sur l’usager

Une partie de la réponse s’est trouvée dans la culture du territoire. L’engagement de la collectivité autour du design imprime sa marque dans cet accompagnement conçu par Ronalpia. Ainsi, Cité Services, filiale de la Cité du Design, a dépêché des experts en design de service pour que la réponse des entreprises sociales soit la plus adaptée possible à l’usager.

Alors, comment un designer peut-il aider à améliorer un projet d’utilité sociale ? « Il est certain que c’est un champ où les designers sont moins attendus que dans le monde de la technologie », estime Dominique Paret, directeur de Cité Services. Pourtant, là aussi, il peut être d’un grand secours. « L’approche design se centre sur l’usager pour définir le produit ou le service de manière collaborative et participative, détaille-t-il. Cela aide à sortir de la boîte, pour repérer les dysfonctionnements et les améliorations possibles ».

Ainsi, un designer est allé passer une journée avec les entreprises sociales pour observer les pratiques et usages des bénéficiaires du service. Ensuite, avec des partenaires, il a co-construit des scénarios dressant des pistes de solutions. Norbert Badel, responsable du Jardin de Valériane, une entreprise de maraîchage biologique en insertion, en a fait l’expérience : « Le designer nous a conseillés pour faciliter l’expérience du client et nous a conseillé de créer un point de dépôt sous forme d’un corner à la Fabuleuse Cantine. Pour les consommateurs de légumes, il faut que ce soit beau, que ça donne envie ! »

Une logique de coopération

Mais pour se développer, une entreprise a besoin de se mettre en réseau : nouveaux clients, nouveaux financeurs, nouveaux partenaires… Participer au Booster de l’innovation sociale, c’est aussi entrer en relation avec les personnes au bon moment : grandes entreprises, banques, fondations, associations et collectivités étaient présentes pour créer des ponts. Siham Labich« Le travail avec Ronalpia permet d’ancrer localement des partenariats au bénéfice des entreprises de l’ESS et du territoire : Ronalpia a la capacité de mobiliser des fondations ou grandes entreprises de l’ESS prêtes à soutenir des projets en innovation sociale », estime Siham Labich.

L’objectif pour la collectivité : mieux répondre aux besoins du territoire : se nourrir, se loger, se soigner, se déplacer et développer l’économie circulaire. « Nous sommes dans un territoire où il est assez simple de faire travailler les acteurs ensemble pour répondre à des enjeux territoriaux forts, constate Romain Pélerin, chef de projet Proc’ESS à la Mife Loire-Sud qui anime la politique publique PROCESS de Saint-Etienne Métropole. Pour les entreprises, l’enjeu était de passer d’une logique client-fournisseur à une logique de coopération. »

Ainsi, Nathalie Molitor a développé Laisse-moi t’écrire à Saint-Étienne, une association qui accompagne des parents endeuillés et des personnes atteintes de maladies graves dans l’écriture de leurs récits de vie. Pour ce projet en implantation, « le Booster m’a amené du très concret en rencontrant des acteurs du territoire. »

Au final, à l’issue d’un accompagnement intense et diversifié, les cinq entreprises sociales ont pu formaliser leur stratégie et se sont dotées d’une feuille de route claire afin de passer un cap décisif de leur développement.

Les entreprises sociales accompagnées

Porté par la demande de légumes frais, bio et locaux autant que par le besoin d’insertion par l’activité pour les personnes éloignées de l’emploi, Norbert Badel va multiplier par trois la surface des serres du Jardin de Valériane et investir pour amener les légumes du champ jusqu’au consommateur.

Nathalie Molitor développe Laisse-moi t’écrire à Saint-Etienne, une association qui propose la biographie hospitalière aux personnes atteintes de maladies graves ou des parents endeuillés comme levier de transmission et de résilience.

Camille Reynaud développe au sein de l’association Trisomie 21 France le projet Ma Parole doit compter, une solution de formation à la prise de parole développée de A à Z avec des personnes déficientes intellectuelles.

Compostond

Lilian Roux anime la SCIC Compost’Ond qui transforme 2000 tonnes de déchets organiques par an. En 2023, tous les producteurs de biodéchets seront obligés de les collecter à la source, et Compost’Ond veut être prêt en multipliant le nombre de stations de compostage.

Mylène Cailleu gère la ressourcerie Chrysalide. Elle aussi a en ligne de mire une échéance réglementaire, celle de 2025 où la loi de transition énergétique imposera de réduire de moitié le volume de déchets enfouis. Elle proposera donc aux entreprises de réemployer leur vieux mobilier de bureau. Pour cela, elle devra augmenter ses effectifs et augmenter sa surface de stockage.

Entretien - Siham Labich, vice-présidente de Saint-Etienne Métropole (SEM) :

« Avec Ronalpia, Saint-Etienne Métropole veut créer un environnement favorable au développement des entreprises de l’ESS »

Siham Labich

– Pourquoi SEM s’est-elle impliquée dans ce programme ?

« Ce programme est constitutif d’une forte volonté de la part de Saint-Etienne Métropole de compléter l’offre d’accompagnement à destination des entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire, qui innovent et qui souhaitent poursuivre leur développement sur le territoire de la Métropole. L’enjeu est important : l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) joue en effet un rôle majeur sur Saint-Etienne Métropole, puisque l’ESS représente plus de 21 000 emplois locaux, 14 % de l’emploi total et même 20 % pour le seul secteur privé, soit 35 % de plus que la moyenne nationale. Ces entreprises sont sources d’innovation et pourvoyeuses de solutions locales en réponse aux besoins locaux, que ce soit pour les habitants, les acteurs privés ou les acteurs publics. L’ESS contribue à l’attractivité du territoire, à son dynamisme et à la cohésion sociale. Elle s’est d’ailleurs révélée particulièrement résiliente en cette période de crise économique. Nos entreprises de l’ESS interviennent sur de nombreux secteurs d’activité et proposent des réponses à certains enjeux territoriaux : économie circulaire, insertion par l’activité économique, agriculture et circuits courts alimentaires, services aux entreprises, santé et inclusion des personnes, réduction des déchets, la culture, pour ne citer qu’eux. Ce programme Booster doit donc permettre à nos entreprises de l’ESS de consolider leurs projets et de changer d’échelle pour essaimer leurs modèles. »

– Dans quelle politique plus globale s’inscrit-il ?

« Saint-Étienne Métropole a engagé une politique publique volontariste dédiée à l’Economie Sociale et Solidaire afin d’accompagner, de professionnaliser et de pérenniser les structures employeuses, créatrices d’emplois et porteuses d’innovation sociales sur le territoire. Saint-Etienne Métropole engage un plan d’actions pour permettre de créer un environnement favorable au développement des entreprises de l’ESS, programme dénommé PROCESS : Programme de Coopération de l’Economie Sociale et Solidaire en Loire Sud. Les différents outils développés offrent aux créateurs et aux entreprises existantes un parcours pour favoriser leur croissance articulé en 4 axes :

  1. Sensibiliser et promouvoir l’ESS
  2. Favoriser l’émergence et l’accompagnement des projets d’entrepreneuriat ESS
  3. Consolider le développement des entreprises de l’ESS
  4. Favoriser le changement d’échelle et pérenniser les entreprises de l’ESS

C’est dans ce denier axe que nous retrouvons le Booster de l’innovation sociale développé avec Ronalpia. »

– Qu’est-ce que ce programme apporte au territoire ?

« Le Booster est pleinement complémentaire du parcours d’accompagnement que nous avons mis en place avec PROCESS. Il s’adresse aux entreprises de l’ESS qui ont besoin de changer d’échelle, de porter une réflexion sur leur gouvernance, de faire évoluer leurs modèles économiques afin de consolider leur projet entrepreneurial et accroitre l’impact social, sociétal, ou environnemental de leurs projets sur le territoire.  Ce programme a également associé un volet « design » avec Cité services afin d’intégrer plus fortement les usages et les usagers dans les projets. Cette compétence est aujourd’hui un véritable actif du territoire Stéphanois, créatrice de valeur-ajoutée.  Le Booster doit contribuer à renforcer la stratégie de recherche de partenaires, de financements, de nouvelles offres. »

– Qu’est-ce qu’apporte Ronalpia comme partenaire à Saint-Etienne Métropole ?

« Ronalpia constitue une expertise en matière d’innovation sociale et de programmes d’accompagnement. Ce partenariat permet donc de bénéficier d’une approche très professionnelle pour accompagner les porteurs de projets dans leur changement d’échelle qui est une étape entrepreneuriale que ne s’improvise pas. Le Booster vient compléter l’incubateur en innovation sociale porté par Ronalpia depuis plusieurs années sur le territoire, permettant ainsi de disposer d’un outil complémentaire. Au-delà du professionnalisme, le travail avec Ronalpia permet également d’ancrer localement des partenariats au bénéfice des entreprises de l’ESS et du territoire : je pense notamment aux projets d’implantation qui souhaitent se développer sur Saint-Etienne Métropole et qui ont été révélés lors du Booster ou encore à la capacité de Ronalpia de mobiliser des fondations ou grandes entreprises de l’ESS prêtes à soutenir des projets en innovation sociale. Ronalpia connait également bien le territoire et les différents acteurs pour une inclusion totale des différentes compétences : c’est un aspect fondamental. »