Pour implanter une entreprise sociale sur un nouveau territoire, la coopération s’impose

Inclusion des jeunes filles de milieux modestes, revitalisation économique, réemploi des emballages… Nos territoires ont de nombreux besoins, et aucun ne se ressemble. Entre reprise des solutions qui marchent et adaptation sur mesures, la solution ne serait-elle pas dans la coopération ?

En septembre 2021, Ronalpia organisait un webinaire sur la question, avec des points de vue d’élues et de dirigeant·e·s d’entreprises sociales.

Agilité

 

Émeline Baume, vice-présidente de la Métropole du Grand Lyon

Répondre aux besoins d’un territoire, c’est de toute évidence le rôle des collectivités. Action sociale, économie circulaire, ressources essentielles… le secteur public doit être sur plusieurs fronts pour repérer les manques et apporter des réponses. « Le service public a du mal à être agile, reconnaît Émeline Baume, vice-présidente de la Métropole du Grand Lyon. Quand bien même un élu détecte un besoin non couvert, il n’a pas le temps. » C’est pourquoi il a besoin de s’appuyer sur des acteurs de l’économie sociale et solidaire qui font de l’intérêt général la priorité de leur action. « Les organisations de l’ESS sont précurseurs des transitions écologiques et sociales, elles peuvent entraîner l’action publique à aller plus loin », estime Elisabeth Debeunne, vice-présidente de la Métropole de Grenoble.

Coopération

 

Christophe Chevalier, président du groupe d’économie sociale et solidaire Archer.

Chaque territoire ayant son histoire, les organisations de l’ESS se sont ainsi développées pour expérimenter des solutions. Dans la Drôme, Romans perdait sa mono-industrie de la confection de chaussures haut de gamme. Mené par Christophe Chevalier, le groupe Archer s’est fixé voici près de vingt ans un objectif audacieux : relever une partie de cette économie. « Comme nous avions beaucoup d’ambition, mais pas forcément les moyens, on a réuni l’ensemble des forces vives du territoire qui voulaient bien agir avec nous. Avec de l’exigence, la coopération peut être un modèle de développement économique. Cela consiste à réussir ensemble ce que personne ne peut faire seul. On a besoin de tout le monde si on veut que la question de la transition passe de la marge au centre ! »

Complémentarité

 

Athina Marmorat de l’association Rêv’elles.

Ainsi, c’est dans un dosage subtil entre de nombreux acteurs que la donne peut changer sur le terrain. En 2013, Athina Marmorat a développé Rêv’elles, des programmes d’aide à l’orientation à destination des jeunes femmes de milieux modestes. En 2020, elle a décidé d’essaimer vers Lyon, avec l’appui de Ronalpia. « Un ancrage, ça prend du temps. Il faut le temps de faire des rencontres : éducation populaire, prévention… Dans chaque quartier, l’organisation est différente. C’est un travail de fourmi, mais ça permet d’évaluer notre complémentarité avec les autres. Il y avait beaucoup d’offre associative, mais pour changer en amont le regard des filles sur elles-mêmes, il n’y avait pas d’acteur qui crée des espaces de confiance. »

Valeurs

 

Audrey Quintana, de Dabba Consigne.

C’est donc en identifiant précisément les manques dans un territoire qu’on peut y implanter des solutions pertinentes déjà éprouvées ailleurs. « Au lieu de partir de zéro, pourquoi ne pas reprendre quelque chose d’existant et l’adapter ? », s’est demandé Audrey Quintana, qui, après avoir commencé à créer La Gamelle Consignée, s’est finalement rapprochée des Grenobloises de Dabba, un autre membre de la communauté Ronalpia, pour implanter à Lyon cette marque de réemploi de contenants en verre. Mais selon elle, une autre condition essentielle à la coopération est d’« avoir des valeurs en commun » qu’elle a trouvées chez Dabba : insertion sociale, ancrage territorial, évaluation environnementale…

Open source

Ainsi essaiment les bonnes idées, émergeant du terrain et se rencontrant d’une ville à l’autre.  « C’est au contact des autres territoires qu’on peut travailler en co-construction, estime Christophe Chevalier. Je pense qu’il faut faire de l’open source. Mais le succès dépend de l’engagement et de la mobilisation locaux. »


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