Explorjob est une plateforme numérique de mise en lien entre les jeunes en recherche d’orientation professionnelle et un vaste réseau de professionnels inspirants. Ayant abordé récemment le monde carcéral, l’entreprise sociale bénéficie cette année de l’accompagnement d’Act’ice pour bien s’y développer.
Comment vous est venue l’idée de cette plateforme ?
Je suis chef d’entreprise depuis toujours. J’ai créé huit sociétés différentes. Quand j’ai cédé ma dernière boîte, j’étais trop jeune pour partir à retraite. J’ai eu des fonctions dans un syndicat patronal lié à l’université. Là, j’ai appris que 35% des jeunes abandonnaient leurs études après la première année tout en ayant une très grande méconnaissance des métiers.
Explor’job est née en 2019 de ce constat : les professionnels sont les mieux placés pour parler de leur métier. Nous avons donc créé une plateforme numérique qui crée la rencontre entre des jeunes et des professionnels inspirants.
L’idée est de permettre d’explorer tous les métiers, à tous niveaux. Il y a des caristes ou des caissières qui adorent leur métier ! 6000 métiers sont référencés et près de 4000 rendez-vous sont pris chaque mois.
Pourquoi chercher à toucher un public sous main de justice ?
C’est la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui nous a interpelés : « Etes-vous capables d’amener des professionnels à maison d’arrêt de Varces ? ». Cet appel a suscité un engouement important des pros, curieux à l’égard de ce milieu qu’ils ne connaissaient pas.
Nous avons démarré une expérimentation en direction des mineurs en juin 2022. L’idée était d’ouvrir des possibles en présentant des métiers accessibles sans diplôme particulier. Il y a énormément de gens qui ont des parcours qui ne sont pas linéaires.
Nous n’avons pas vocation à accompagner les jeunes, mais juste à créer des étincelles. D’autres organisations comme les Apprentis d’Auteuil ou l’Hélice forment et accompagnent à moyen terme pour trouver un job.
Qu’est-ce qui vous a marqué en découvrant ce public ?
On a toujours dit à ces gamins qu’ils étaient nuls, ils ont fini par le croire ! Ce sont pourtant des garçons qui pourraient faire plein de choses. On peut leur donner par l’exemple cette petite étincelle qui les fera sortir de leur cadre de référence. Il peut y avoir une autre vie.
C’est en changeant les perspectives, en rêvant un peu, qu’on va changer les choses. Il faut trouver les personnes qui leur parleront de métiers autres que le bâtiment ou la chaudronnerie.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’accompagnement Act’ice ?
Nous ne cherchions pas des entrées dans l’administration pénitentiaire, puisque c’est elle qui nous a appelés. Aujourd’hui, ils sont très volontaires avec nous. Ils nous demandent d’en faire plus, avec plus de publics. Même si nous ne voulons pas nous faire déborder, nous avons envie de nous développer sur d’autres territoires, et s’adresser aussi aux majeurs, au milieu ouvert. Comme c’est un milieu qu’on connaît mal, j’espère qu’Act’ice nous aidera à mieux le comprendre.
Nous aurons aussi besoin d’aller chercher des mécènes. Je ne suis pas sûr que le premier objectif d’un mécène soit d’aider le milieu carcéral, ce n’est peut-être pas assez porteur d’image…
Nous espérons aussi sortir avec une méthodologie sur la façon d’aborder les financeurs et l’administration. On apprend souvent en regardant ce que font les autres, la façon dont ils articulent leur projet.