Station V : le vélo au service du lien social
À Saint-Vallier dans la Drôme, Aude Boisadan promeut la mobilité active avec un atelier d’auto-réparation, des cours de vélo, de la sensibilisation… Un projet que nous avons accompagné en incubation en 2023.
Coincée entre le Rhône et le mont Rebut, traversée par la voie ferrée et la Nationale 7, la ville de Saint-Vallier (Drôme) s’étire en longueur. « Il y a un éloignement entre le nord et le sud de la ville, avec des populations qui ne se mélangent pas trop, déplore Aude Boisadan, fondatrice de Station V. La gare est située juste entre les deux. »
En ce mois de septembre 2025, justement, le chantier de réhabilitation de la gare se termine. Bientôt, on y posera une enseigne « Station V » pour signaler un atelier de co-réparation de vélos, une boutique de vélos d’occasion, un point d’infos sur les mobilités, une vélo-école, des locations solidaires, des ateliers d’apprentissage de la mécanique…





« On fait la promotion du vélo du quotidien », résume Aude.








Alors qu’on ne parle que de ça aux centres de Lyon ou Grenoble, Station V s’est aussi donné pour mission de faire progresser le vélo comme mode de déplacement dans ces territoires plus ruraux où on ne l’attend pas : « On est vraiment l’interlocuteur des collectivités locales sur les sujets des aménagements cyclables, de la sécurité, etc. »
Une activité démarrée depuis 2023 avec des ateliers de mécanique itinérants, des événements dans des lieux culturels, des leçons de vélo pour les enfants… En deux ans d’existence, l’association fait déjà travailler deux salariés.
Pour Aude, la bicyclette est une sorte de panacée sociale capable de créer du lien entre des populations très diverses tout en donnant accès à la mobilité.
« Dans nos ateliers d’auto-réparation, on a énormément de mixité sociale et genrée avec beaucoup de femmes, de jeunes, des gens de tous âges ; des confessions et des langues différentes. On arrive vraiment à recréer du lien social et à sensibiliser des gens qui n’auraient jamais poussé la porte d’un vélociste. »










Quinze kilomètres plus au sud, au fil des rues, à cheval sur le Rhône, on la retrouve entre Tain-l’Hermitage et Tournon où elle conduit un groupe de personnes demandeuses d’asile.
Avec force gestes pour passer la barrière de la langue, Aude explique le code de la route applicable aux vélos, les panneaux, les bons comportements, la prudence. Ses élèves viennent du Tibet, d’Erythrée, du Ghana…
Tous attendent d’acquérir de l’aisance et de pouvoir avoir leur propre bécane qui leur permettra de gagner en autonomie.
Émanciper et relier :
c’est le vélo tel qu’Aude le conçoit.
L'incubation Ronalpia vue par Aude : place au facteur humain !
Au départ, comme tout projet entrepreneurial, ce n’était qu’une idée dans la tête d’Aude quand elle a participé à l’une de nos sessions Outille-toi. « J’ai trouvé les deux heures tellement stimulantes, j’ai tellement avancé sur ma réflexion et mon projet que direct, je me suis dit c’est bon, je candidate à l’incubation. Ce que j’en attendais, c’était de m’aider à définir les contours de mon projet d’une manière beaucoup plus pragmatique et économiquement viable. »
Au final, elle ne regrette pas son expérience. « C’est un programme très bien construit par rapport aux besoins du futur entrepreneur. Parce que quand tu rentres dans le programme, finalement, tu as une idée et des envies, mais tu n’es pas du tout dans cette posture entrepreneuriale. Il y a une nébuleuse, il y a des peurs… En plus de l’accompagnement très cartésien sur le modèle économique ou le pilotage du projet, on accompagne également plus humainement et psychologiquement aussi sur cette posture d’entrepreneur, ce costume à endosser. »
Et même si tout le monde n’est pas prêt à endosser le costume, on prévoit plein d’étapes pour se poser la question : Outille-toi, Lance-toi, immersion lors de la pré-sélection des projets à accompagner… « Et c’est très bien tout ça parce que ça permet à toutes les étapes du programme de se poser les bonnes questions. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, ça a un énorme impact sur ta vie privée, personnelle et ton quotidien dans les années à venir », insiste Aude.