Quatre apprentissages pour favoriser des réseaux fertiles à l’innovation sociale

Depuis 9 ans, nous avons la chance d’accompagner plus de 300 entreprises sociales en Auvergne-Rhône-Alpes en créant localement des réseaux accueillants pour chacune d’entre elles. Drôme, Ain, Isère… Ces dernières années, nous avons déployé notre présence dans les villes et campagnes pour les accompagner en proximité.

Ce faisant, s’est imposée notre règle d’or : essaimer n’est pas dupliquer. Chacune de nos destinations est particulière par ses besoins sociaux, son contexte institutionnel, son écosystème associatif et économique… Il y a donc mille manières d’être  à notre juste place sur un territoire afin de répondre à ses besoins particuliers, en complément des acteurs existants. À chaque fois, c’est passionnant. Voici quelques enseignements appris sur la route.

Julie Perrin et Josépha Poret ont beaucoup œuvré à notre développement en Auvergne-Rhône-Alpes.

1/ Identifier un (ou plusieurs) acteur qui a les clés du territoire. 

Ce peut être la collectivité, une association, une entreprise sociale, un collectif… Il connaît bien son territoire, ses besoins. Il nous guide dans l’écosystème et juge de la pertinence de la solution déployée. Parfois même, c’est lui qui nous appelle.

En 2017, nos amis de France Active Loire collaboraient avec Saint-Étienne Métropole afin d’accompagner et de financer des entreprises sociales en consolidation. Ensemble, ils ont identifié chez eux le besoin de détecter et accompagner les entrepreneurs sociaux au stade du projet. Ils nous ont donc contactés pour nous y déployer.  

2/ Installer la confiance.

Pour construire un accompagnement de qualité et utile sur un territoire, il est essentiel de réunir un écosystème d’acteurs cohérent. Au sein de ce collectif impliqué, chacun identifie la plus-value de la coopération pour sa structure, son territoire, ses bénéficiaires. Cela peut être long, il faut se laisser le temps d’apprendre à faire ensemble !

Dès 2016, nous avons proposé un accompagnement d’entreprises sociales à Bourg-en-Bresse en conservant les formations collectives à Lyon, à une heure de train. Cette solution ne s’est guère avérée efficace pour nos bénéficiaires. Finalement, en 2019, l’idée d’un pôle d’innovation sociale a germé avec notamment l’AGLCA, France Active, la CAE Ess’ain, BGE. Nous avons alors senti que l’écosystème avait atteint une forme de maturité et que nous y avions pleinement notre place.

3/ Faire de la dentelle, pas du prêt-à-porter.

On l’a dit, chaque territoire est unique. Ce qui fonctionne ici devra certainement être ajusté ailleurs. Nous passons en moyenne un an en étude de faisabilité avant de créer une nouvelle antenne. Nous recrutons très vite un équipier Ronalpia installé sur le territoire, qui sait devenir un spécialiste de son territoire, de ses acteurs. C’est lui qui adapte notre modèle.

Notre partenaire Aderly, l’agence de développement du Grand Lyon, rayonne aussi sur plusieurs communautés de communes du Beaujolais où en 2019 se montait un pôle entrepreneurial. Sur leur conseil, nous y avons créé notre premier incubateur en milieu rural. À cette fin, nous avons travaillé avec les collectivités pour adapter notre modèle. Leur retour a été précieux pour bien comprendre ce qui est spécifique à la ruralité.

4/ Remuer tout un écosystème.

L’arrivée d’un nouvel acteur sur un territoire peut aussi permettre à chaque partie prenante d’un écosystème de se repositionner, de retravailler ses complémentarités et parfois, de créer plus grand, ensemble !

Dans la Drôme, nous nous sommes d’abord associés avec l’association Biovallée pour rassembler des organisations comme France Active, la CAE Solstice, des entrepreneurs, un coworking… Ensemble, nous avons testé un dispositif d’incubation pour trouver notre place dans ce paysage, avant de rejoindre le projet Territoire d’Innovation de Valence-Romans avec la Fab-T et élargir l’accompagnement à tout le département.