Farinez-vous, levain d’inclusion pour les personnes sous main de justice

Farinez-vous, levain d’inclusion
pour les personnes sous main de justice

Depuis 15 ans, la boulangerie d’insertion Farinez-vous accueille des personnes en grande précarité, dont un nombre croissant de personnes sous main de justice. En 2024, le prix 2D lui a permis de renforcer ses liens avec l’administration pénitentiaire.

Depuis 2009, la boulangerie Farinez-vous ne se contente pas de faire lever le pain : elle façonne aussi des parcours d’insertion pour des publics très éloignés de l’emploi. Cette entreprise sociale accueille chaque année des personnes réfugiées, décrocheuses, ou encore en réinsertion après une peine de prison. Les profils sont divers, avec une volonté affirmée de les mélanger. « Ça permet de partager des expériences, des compétences », affirme Sandrine Marc, qui coordonne les parcours de formation.

L’entreprise propose des parcours adaptés, du stage de découverte aux formations de plusieurs mois. Le métier de la boulangerie, en tension, sert de levier : « Ce sont des métiers où l’on manque de monde. On a donc créé un format de formation adapté, avec à la fois du savoir-faire et du savoir-être. » Improvisation théâtrale, simulation d’entretien, accompagnement avec La Cravate Solidaire… L’accent est mis sur la communication et la posture professionnelle. Les résultats sont là : 70 % des bénéficiaires trouvent un emploi dans les six mois.

Se resociabiliser

Le public sous main de justice représente un tiers des personnes formées. Les stages de remobilisation permettent une première reconnexion sur cinq semaines. « Certains étaient coupés de vraies relations humaines. Ils n’ont pas eu les codes sociaux ou professionnels depuis longtemps. Cela leur permet de resociabiliser, d’apprendre à communiquer de manière moins agressive. C’est très bénéfique. Chaque semaine, ils s’ouvrent un peu plus. »

Savoir dire non – ou oui

Dans le cadre d’Act’ice, Farinez-vous a participé en 2024 au Prix 2D, que nous portons avec Possible et l’ATIGIP. Une expérience utile pour prendre du recul : à mesure des journées, l’association a mieux pris conscience du fonctionnement de l’administration pénitentiaire. « Nous faisions déjà des job-datings en prison. J’animais des stages citoyenneté pour la Protection judiciaire de la jeunesse… Mais les majeurs, c’est très différent. »

Au fil des rencontres avec les institutions du ministère de la Justice, Sandrine Marc a pu partager ses préoccupations et valoriser son action. Le lien plus direct ainsi créé permet de solidifier une chaîne d’accompagnement cohérente.  « On comprend mieux certains mécanismes de l’administration pénitentiaire, certaines exigences. Et on se sent plus à l’aise pour dire oui, non, ou pas tout de suite, quand les services de probation et d’insertion nous adressent une personne. »