Enfants et prison :
un besoin fort de soutien
Martine Noally préside l’association Relais Enfant Parent Isère qui accompagne les enfants de parents incarcérés. Elle a suivi le parcours Act’ice développement dans le but de diversifier ses sources de financement.
A quel constat répond Réseau Parents Enfants Isère ?
Notre association s’intéresse en priorité aux enfants de personnes incarcérées. L’incarcération crée une rupture du lien enfants-parents. Nous intervenons dans des situations complexes où la présence d’un tiers neutre durant les visites est nécessaire. Nous proposons aussi d’autres solutions pour le maintien du lien par téléphone, à travers des ateliers en détention de création de cartes à destination de l’enfant. Nous offrons ainsi un accompagnement psychique à tous les membres de la famille.
Pour nous, c’est un travail d’apaisement essentiel à cultiver pendant la détention pour que les parents ne sortent pas remplis de colère voire de haine.


Pourquoi avoir eu besoin d’accompagnement maintenant ?
Notre association a grandi. Au départ, nous étions bénévoles. Aujourd’hui, notre activité a augmenté et nous avons deux salariées : une coordinatrice à temps plein et une éducatrice à mi-temps. Nous sommes en difficulté financière pour arriver à pérenniser ces deux postes.
Les finances publiques ne vont pas en s’arrangeant, et nous ne sommes pas parvenus à obtenir la reconnaissance d’utilité publique. D’un autre côté, nous ne sommes pas habitués à la recherche de fonds privés : il faut savoir présenter notre action de manière plus synthétique, plus commerciale.
Or, notre action n’est pas toujours bien vue : certains peuvent considérer que la prison n’est pas le lieu pour amener des enfants.
Quelles étaient vos attentes au début ?
Nous avions besoin d’une aide afin de pérenniser notre financement. Nous attendions aussi un soutien du groupe, des échanges, des informations. Nous voulions faire comprendre qu’au-delà de l’inclusion des personnes sous main de justice, il est important de prendre en compte l’entourage, la parentalité, la place de l’enfant par rapport au détenu.
J’attendais aussi une ouverture à la magistrature, car parfois les magistrats négligent l’importance de l’accompagnement familial.
Enfin, nous avions besoin d’améliorer nos compétences d’association employeuse : le lien avec les salariées, le droit, la gestion des ressources humaines…


Quels sont pour vous les apports essentiels de cet accompagnement ?
J’ai beaucoup donné au groupe de mon expérience liée à mes sept ans de travail en milieu carcéral. En retour, le soutien de ce groupe m’a fait du bien pour tenir la charge de la gestion de l’association.
J’ai appris les codes pour entrer en contact avec des fondations et des financeurs privés. J’espère parvenir à créer des liens de confiance à l’avenir, mais cela reste encore bien compliqué.