Passerelle : l’accompagnement social qui vient à vous
En France, des milliers de personnes renoncent à leurs droits par méconnaissance ou isolement. L’entreprise sociale lyonnaise Passerelle envoie à leur rencontre des travailleurs sociaux à bord d’un camping-car pour les accompagner dans leurs démarches administratives.
Il y a dix ans, Michèle Poulenard et Robert Mlakar aidaient la belle-mère de Michèle, âgée de 84 ans, à effectuer ses démarches administratives. Un constat s’impose : malgré sa débrouillardise, elle n’était plus autonome.
« On lui disait d’aller sur internet, de télécharger des formulaires… Mais elle n’avait pas internet et, avec la fermeture progressive des guichets, elle ne savait plus vers quelle porte frapper », raconte Michèle.


Pour elle, cette expérience a révélé une réalité plus large : beaucoup de personnes, isolées ou en difficulté, se retrouvent sans repères et ne savent pas vers qui se tourner pour accéder à leurs droits. Certains craignent les institutions, d’autres méconnaissent leurs droits. D’autres encore ont des difficultés à se déplacer.
C’est ainsi qu’en 2016 Michèle et Robert ont créé Passerelle, entreprise reconnue d’utilité sociale (Esus). Objectif : aller vers les publics « invisibles » – ceux qui ne franchissent pas la porte des services sociaux.
« On s’est dit : ce n’est pas aux gens de venir à nous, c’est à nous d’aller à eux », explique Michèle.
Passerelle a été ainsi pionnier de ce modèle d’« aller-vers », en partenariat avec des bailleurs sociaux des caisses de retraite complémentaires.
C’est un mercredi à Saint-Priest que nous avons pu monter dans le grand camping-car stationné au pied des immeubles.
Dans ce guichet mobile, Passerelle accueille les habitants directement dans leur quartier et leur donne accès à une très large palette d’aides et d’accompagnement.
Ainsi, le camping-car se rend chaque jour dans différents lieux pour casser les barrières géographiques et psychologiques.
« Notre force, c’est d’être au plus près des gens, là où ils vivent », résume Michèle.


A bord du véhicule spacieux, neuf et confortable, Passerelle peut proposer deux entretiens simultanés par des travailleurs sociaux diplômés. L’accueil est inconditionnel. « On ne fait pas que répondre à une demande ponctuelle, on réalise un bilan à 360° de la situation de la personne », précise Michèle.
Contrairement à d’autres services, l’accompagnement est durable : les bénéficiaires sont suivis sur plusieurs mois, voire un an, pour s’assurer qu’ils reprennent leurs droits et leur autonomie.
Qui sont les « invisibles » accompagnés par Passerelle ?
Le profil des bénéficiaires est singulier. « On touche des gens qui pensent ne pas avoir droit à quoi que ce soit », souligne Michèle.
Les seniors, qui évitent les démarches par peur des institutions ou par fierté.
Les familles monoparentales, qui renoncent parfois à consulter les services sociaux, par crainte d’être jugées ou de perdre la garde de leurs enfants.
Les jeunes, qui ignorent souvent leurs droits – par exemple l’importance de remplir une déclaration de revenus, même sans emploi.
Les aidants, qui, absorbés par la charge de leurs proches, n’ont plus ni le temps ni l’énergie de faire valoir leurs propres droits.
Les travailleurs pauvres, qui, malgré un emploi, peinent à couvrir leurs besoins essentiels et hésitent à demander de l’aide, par méconnaissance ou par honte.
C’est juste au-dessus des minimas sociaux. « Ils croient qu’ils n’ont droit à rien, mais quand on a deux enfants et un loyer à payer, certains font le choix de ne pas se soigner plutôt que d’avoir des dettes ».
De multiples accompagnements pour plus d'impact
Si Passerelle est née sans accompagnement, elle a suivi de nombreux parcours avec nous au cours de son développement.
Implantation. Elle ambitionne d’essaimer en priorité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, en adaptant son modèle aussi bien en urbain qu’en rural. Nous avons accompagné ses premiers développements dans notre parcours implantation.
Epilogue. En parallèle, l’entreprise développe des projets innovants comme Prevantia, un dispositif d’anticipation et d’accompagnement sur la fin de vie. Le Kiif accompagne ce projet dans le cadre d’Epilogue.
Act’ice. L’entreprise élargit également son action vers des publics souvent invisibles, tels que les personnes sous main de justice.
Size-Up. Nous avons accompagné Passerelle dans sa mesure d’impact.
Passerelle s’engage par ailleurs aux côtés des aidants salariés, en lien avec les entreprises, et renforce ses interventions sur des enjeux majeurs tels que la santé mentale.

« On rencontre plein de monde: tout l’écosystème nous a vraiment boostés. Vous arrivez toujours à nous faire rencontrer des bons partenaires. On a aussi des experts dans chaque domaine. Leur regard extérieur nous a aidés à prendre du recul et à clarifier notre stratégie »
Michèle et Robert.
